On m’a dit que les hommes pensent que forcer, c’est bien.

J’ai appris très tôt que quand un homme veut, il se sert. Que ce soit une part de tarte ou l’innocence de la gamine que j’étais, il se sert. Malheureusement, est-il maladroit…?
Malgré qu’il ait choisi une personne qui ne pourra jamais le dire à personne, il oublie de réarranger quelques détails que les seuls parents avertis remarquent… et la fratrie se comporte étrangement à leur retour. J’ai comme seul souvenir mon père qui crie en brandissant une machette.

(aparté utile, vous me dites souvent « tu as l’air très choquée quand on parle de viol », selon moi tout le monde devrait avoir un problème avec les violeurs et les pédophiles, je pense que le pourquoi de ma colère remonte à ici. J’avais 4 ans. J’ai eu l’immense chance d’avoir des parents réactifs, l’oncle est allé se rendre à la police, il a eu une interdiction de nous approcher. Je ne l’ai plus jamais revu. Peut-être qu’il est mort. Je ne sais pas.)

Vu les événements, ma mère nous a sensibilisé très tôt au Grand Méchant Loup. On ne s’assoit pas sur les genoux des oncles, ils n’ont pas le droit de nous toucher et surtout s’il se passait quelque chose, alors il faudrait lui dire. On pouvait tout lui dire. C’est un rapport de confiance qui tient encore à ce jour, 24 ans plus tard.
Mais malgré tout ça il m’a fallu du temps pour déconstruire quelques éléments de consentement car une fois sortie du domaine de la pédophilie, j’ai été persuadée que l’homme est tenté. La femme le tente. Il y a une causalité entre les deux. L’homme n’est jamais tenté pour rien. Tu le tentes par ta tenue alors tu évites les jupes et tout décolleté. Par ton sourire, alors tu gardes une expression fermée. Par ton regard. Je n’ai alors plus su que faire.

Suite au précédent événement (voir partie 1), j’ai questionné mes proches. Qu’est-ce que je dégage quand on me voit ? Maintenant que je parle, que j’ai du désir et j’en fais ressentir tout est plus compliqué. A-t-il été trompé par mon regard, dois-je éviter définitivement toute amitié avec les hommes ? Non ce n’est pas de ta faute, Majoe, arrête de penser comme ça. Mais les règles de la séduction sont claires : les hommes insistent (forcent) et les femmes cèdent. Elles disent « Je ne comptais pas le faire, j’ai craqué, c’est la première fois que ça m’arrive« , elles se justifient d’être faibles devant leurs désirs, je le sais parce que je l’ai fait. Je l’ai fait parce que j’ai appris au gré des rencontres que laisser le lead à l’homme c’était mieux. Ça lui évite de te reprocher plus tard de l’avoir désiré. Il te dit plusieurs fois qu’il veut et tu évites de lui dire oui trop rapidement parce que sinon tu serais une fille facile – tu évites aussi de lui dire beaucoup trop non pour pas qu’il dise que tu chipotes parce que baiser reste cool hein, et puis en soit tu as aussi envie.
Parfois, tu attends 3 mois, tu es tout feu toute flamme – enflammée (mouillée, en fait) mais on t’a dit que les filles bien faisaient ça – faire attendre leurs mecs, et toutes les p*tes ont couché avec plus de gars que toi et tu ne donnes pas ça comme ça parce que c’est clair que tu n’es pas une p*te, non ?

Un jour, ça m’a frappé, le champ lexical de la baise, masculin mais pas que puisqu’on l’a adopté, se dire puissante tout en avouant être dominée au lit. Pas dominée parce qu’on utiliserait des menottes non, dominée parce que le rapport ne nous appartient pas. Dominée parce que la plupart du temps, et beaucoup d’études vont en ce sens, si tu une femme ce que tu aimes ou pas on s’en moque, quand tu vas te marier tu sauras tout de la fellation, des noix de coco, des cristaux de menthe, tandis que ton mari ne sauras même pas où se situe ton clitoris. Tu diras avec un peu de fierté mystérieuse que oui, tu sais donner du plaisir, mais l’homme commentera sur la même publication qu’il a une grosse bite et (te) fait crier. Ça n’a rien de semblable. Ça dit tout du rapport. Il y a un champ lexical de la souffrance pour la femme quand on parle d’amour et de sexe, de conquête et de domination quand c’est l’homme le sujet. On se donne à l’autre et on perd au change – il prend tout ce qu’il a à prendre, ne te donne pas d’orgasme. Il t’a baisée.
Et c’est justement ça se faire baiser en fait, c’est une arnaque, c’est casser ton dos en 7 et ressentir les courbatures mais pas le plaisir.

Précisément ce jour, j’ai décidé que j’allais réclamer et prendre.

Appellez ça un plaidoyer pour le consentement.

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